Sep 14, 2007

Dieudonne Condamne


La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a reconnu Dieudonné coupable de "diffamation publique à caractère racial" et l'a condamné à 7000 euros d'amende. En particulier, Dieudonné est mis en cause pour avoir utilisé l'expression "pornographie mémorielle" lors d'une conférence de presse à Alger en février 2005, expression qui on s'en rappelle avait causé un énorme battage médiatique.

Alors qu'il séjournait en Algérie, dans le cadre de ses spectacles, Dieudonné avait critiqué le "lobby sioniste" qui selon lui cultivait "l'unicité des souffrances". Il avait également déclaré que les "autorités sionistes avec l'argent public confisquaient la création culturelle, et avaient déclaré la guerre au monde noir".
La précision apportée par l'humoriste selon laquelle l'expression "pornographie mémorielle" visait l'instrumentalisation de la Shoah et non la Shoah elle même n'a pas convaincu les juges.
Selon ces derniers, les propos de Dieudonné étaient "attentatoire" à l'honneur et à la considération du groupe visé et, de plus, "incontestablement" renforcé par les termes de "pornographie mémorielle". Dieudonné est donc reconnu coupable de "complicité du délit de diffamation publique envers un groupe de personnes en raison de leur race, de leur religion ou de leur origine".
Dieudonné ainsi que son avocat étaient absents du tribunal lorsque le jugement a été prononce. Dieudonné a néanmoins la possibilité de faire appel. Il doit à nouveau passer devant la justice le 11 octobre prochain suite à ses déclarations dans le "Journal du Dimanche" (8/02/04) assimilant les "juifs" à des "négriers". (En première instance il avait été condamné à 5000 euros d'amende pour incitation à la haine raciale).

Sep 10, 2007

Gouvernement - Départs: Règlement de décomptes

Analyses, commentaires et interviews; Les couacs des décrets du Chef de l’Etat. Paul Biya a enfin opéré une purge dans son gouvernement qui indique un resserrement de son entourage.
Paul Biya a enfin opéré une purge dans son gouvernement qui indique un resserrement de son entourage.

Combien de gens ont-ils appelé dans nos bureaux ou sur nos téléphones portables pour s’enquérir de la situation exacte de Gervais Mendo Ze, dont on semblait finalement ne plus savoir s’il quittait le gouvernement ou s’il conservait son poste ? Des dizaines de gens. Et on se doute qu’ils étaient encore plus nombreux à n’avoir pas appelé, mais qui restaient dans le même désarroi, du fait du caractère passablement flou des textes du président de la République dont certains demandaient des interprétations, là où une simple énumération aurait suffi. Cela fait sans doute partie du style de l’homme…

Si nous avons, dans notre édition spéciale samedi dernier, donné l’essentiel des textes, quelques instantanés sur les nouveaux membres du gouvernement et les premiers éclairages que laissait transparaître la réorganisation du gouvernement, nous revenons, dans ce document spécial de 6 pages, plus en profondeur sur cet événement politique attendu. Comment comprendre la démarche générale de Paul Biya, pourquoi avoir choisi de compliquer ce qui était simple au départ ? Quelle est l’incidence de la taille du gouvernement sur le travail futur ? Où en est-on avec la fameuse notion d’équilibre régional ? Et que pensent juristes et politiste de cet acte politique majeur ?
Voilà quelques questions auxquelles nous tentons d’apporter de premiers éléments de réponse.

Laurent Esso.Qu’on jette un coup d’œil sur la liste des grosses légumes que le remaniement ministériel du vendredi 7 septembre dernier a laissé sur le carreau, pour se rendre compte que le landernau politique camerounais, rattrapé depuis quelque temps par les démons du parti unique, a connu une secousse d’une amplitude considérable! Léopold Ferdinand Oyono, ministre d’Etat chargé de la Culture et ami personnel du président de la République; Jean Marie Atangana Mebara, ministre d’Etat chargé des relations extérieures, Polycarpe Abah Abah, ministre de l’Economie et des Finances; Urbain Olanguena Awono, ministre de la Santé publique; Charles Salé, ministre des Mines, du Développement technologique, Ebénezer Njoh Mouelle, ministre de la Communication et son ministre délégué Gervais Mendo Ze; et bien entendu les deux alliés historiques qu’étaient Augustin Frédéric Kodock (ministre d’Etat Upc de la Programmation économique et de la Planification) et Dakollé Daïssala (ministre Mdr des Transports).

On n’attend pas monts et merveilles de la nouvelle équipe gouvernementale, mais on peut reconnaître que le mouvement de vendredi dernier, plus que les précédents, comporte une forte signification politique dont les législatives du 22 juillet ne servent que de prétexte.

Lors de la dernière législature, le Rdpc avait déjà sa majorité parlementaire écrasante et les observateurs s’interrogeaient déjà sur la pertinence de l’alliance tirée par les cheveux avec le Mdr de Dakolé et l’Upc de Kodock, dont le poids politique au niveau de l’arithmétique du terrain s’était terriblement étiolé. Cette année, ils n’ont ni un peu avancé ni beaucoup reculé, mais Paul Biya a dû se résoudre à se débarrasser de ces alliés encombrants pour se concentrer sur la gestion de ses propres troupes dont les rangs se grossissent chaque jour, par un réalisme froid et non guère par une conviction politique avérée.


Cercle des fidèles

Dans le camp Rdpc justement, les départs les plus retentissants sont ceux de Jean Marie Atangana Mebara, Abah Abah et Olanguena Awono, trois personnalités que l’opinion avait pris en grippe depuis quelques années, les étiquetant comme membres de la nébuleuses "G11" et que beaucoup voyaient partants depuis le remaniement du 22 septembre dernier déjà. Fidèle à son habitude de ne pas suivre les cris de la foule, Paul Biya sembla leur donner un sursis qui vient de prendre fin. Et ceci, malgré la députation conquise sans difficulté et sans le moindre mérite individuel par l’ancien ministre de la Santé publique dans la Lékié.

Pour Gervais Mendo Ze, on avait bien compris depuis son élégant limogeage de la direction générale Crtv que, mieux qu’un sursis, sa "promotion" comme ministre délégué auprès du ministre de la Communication n’était qu’un court transit vers une mise en quarantaine, cette fonction étant sans substance ni pertinence comme vient de le confirmer le nouvel organigramme gouvernemental.

La grosse surprise est peut-être l’éviction du professeur Njoh Mouelle, sorti de la retraite il y a un an seulement et qui, dans ce ministère de la Communication sans histoires, n’a pas véritablement eu l’occasion de commettre l’irréparable en dehors de quelques bisbilles avec l’aide à la presse privée et les publicitaires.

La dégradation de l’état de santé de Ferdinand Oyono est sans nul doute à l’origine de sa sortie du gouvernement qui ne semblait plus être à l’ordre du jour dans les petits papiers de Paul Biya, malgré une gestion décriée du ministère de la Culture.

En fin de compte, on peut aussi lire dans le mouvement de vendredi dernier l’empreinte du nouveau cercle rapproché du président Paul Biya, où, pour la première fois, l’on ne retrouve plus guère de "frère du village" (Laurent Esso au secrétariat général de la présidence, secondé par René Sadi qui tient aussi les manettes du parti, et Jean Baptiste Béléoken au cabinet civil) et qui n’a pas été effleuré par le séisme du 7 septembre 2007. Le départ de Abogo Nkono, remplacé par M. Anong, un vieux routier de la politique à la base qui fut pendant longtemps maire d’Ombessa, trouve sans doute son explication dans cette reprise en main des hommes de confiance de l’homme du 6 novembre 1982.